Comprendre l’abus de position dominante, ses formes et ses conséquences est essentiel pour préserver des marchés ouverts et protéger les consommateurs. Voici des clés concrètes pour reconnaître les pratiques à risques et savoir quelles sanctions peuvent tomber.
| Peu de temps ? Voilà ce qu’il faut retenir : | |
|---|---|
| Point clé #1 | Reconnaître une position dominante : regarder la part de marché, les barrières à l’entrée et l’absence de contre‑pouvoirs. 📊 |
| Point clé #2 | Outil utile : le test du « concurrent aussi efficace » pour évaluer les rabais ou pratiques d’exclusion. 🧩 |
| Point clé #3 | Erreur fréquente : confondre prix bas et prédation — il faut comparer au coût évitable moyen. ⚠️ |
| Point clé #4 | Bonus : mettre en place un programme de conformité et des engagements publics peut réduire les risques et réparer l’image. ✨ |
Définition claire : L’abus de position dominante expliqué pour repérer les pratiques anticoncurrentielles
Définir l’abus de position dominante commence par deux étapes simples mais exigeantes : établir l’existence d’une position dominante sur un marché pertinent, puis démontrer que cette position a été exploitée de façon abusive. Ces deux éléments sont cumulés et requis pour retenir l’infraction.
Qu’entend-on par position dominante ?
La position dominante signifie qu’une entreprise peut, de façon durable, agir de manière indépendante par rapport à ses concurrents, ses clients et les consommateurs. Cet état n’est pas interdit : l’objet de la règle est son exploitation abusive.
- 🔎 Part de marché : indicateur quantitatif essentiel, mais pas suffisant.
- 🧱 Barrières à l’entrée : brevets, réseaux, coûts d’installation élevés ou effets de réseau qui protègent la position.
- 💪 Puissance économique : capacités financières, intégration verticale, contrôle d’infrastructures.
- 🤝 Absence de contre‑pouvoir : gros acheteurs faibles ou consommateurs captifs.
Une analyse moderne ajoute la notion de pouvoir de marché : la capacité réelle à maintenir des prix ou à verrouiller l’accès à un marché, en tenant compte des modèles multi‑faces (plateformes) et des données.
| Critère | Ce qu’il indique 📌 |
|---|---|
| Part de marché | De 50 à 85% : présomption nécessitant caractéristiques supplémentaires. >85% : suffisante souvent. 📈 |
| Barrières à l’entrée | Effets de réseau, brevets, coûts fixes : renforcent la dominance. 🔐 |
| Contre‑pouvoir | Clients puissants ou fournisseurs alternatifs réduisent le pouvoir du dominateur. ⚖️ |
Quelles pratiques sont considérées comme abusives ?
Les pratiques illicites sont celles qui ont pour objet ou pour effet de restreindre la concurrence. Elles vont du refus de fournir à la vente liée, en passant par les prix prédateurs, les rabais fidélisants, la discrimination tarifaire ou l’auto‑préférence.
- 🛑 Refus de vente : interdire l’accès à une ressource indispensable.
- 🔗 Ventes liées / bundles : imposer des produits annexes sans justification technique.
- 💸 Prix prédateurs : fixer des prix en dessous du coût évitable moyen pour évincer.
- 🤝 Rabais fidélisants : rendre le switching trop coûteux.
| Type d’abus | Exemple concret |
|---|---|
| Refus d’accès | Base de données ou réseau essentiel inaccessible → blocage d’un marché aval. 🔒 |
| Vente liée | Logiciel imposé avec OS empêchant le développement d’apps concurrentes. 🧩 |
| Prix excessifs | Tarification très supérieure à la valeur économique sans justification. 💰 |
Pour illustrer, la petite entreprise fictive « Soléa », installateur solaire à Aix‑en‑Provence, observe qu’un grand fournisseur impose ses onduleurs uniquement avec ses panneaux, rendant difficile la concurrence des installateurs indépendants. Cette situation combine vente liée et verrouillage du marché de l’après‑vente.
Insight final : identifier une position dominante exige un regard à la fois quantitatif et qualitatif, en mettant l’accent sur les barrières, les contre‑pouvoirs et l’effet réel des pratiques sur la concurrence.

Cadre légal et procédure : Comment les autorités détectent et sanctionnent l’abus de position dominante
Au plan légal, l’interdiction de l’abus de position dominante est posée au niveau européen par l’article 102 du TFUE et en droit français par l’article L.420‑2 du Code de commerce. Ces textes visent à préserver le jeu de la concurrence et la protection des consommateurs.
Les étapes d’une procédure type
La répression suit un processus structuré, garantissant le contradictoire tout en permettant une action efficace :
- 🕵️♀️ Détection : plaintes, signalements, autosaisine des autorités.
- 🔎 Enquête : visites, saisies, demandes de documents, auditions.
- 📣 Notification des griefs : l’entreprise est informée des reproches.
- 🗣️ Procédure contradictoire : observations écrites et orales.
- 📜 Décision : amende, injonction, engagements.
- ⚖️ Recours : juridictions nationales, Tribunal de l’UE.
| Phase | Durée typique | Effet pratique |
|---|---|---|
| Enquête préliminaire | Quelques semaines à mois | Collecte d’indices, décisions de consacrer des moyens. 🔍 |
| Instruction | 6 à 24 mois | Visites, saisies, analyses économiques. 🏛️ |
| Décision | Variable | Amendes, injonctions, publication -> sanction pécuniaire et réputationnelle. 📣 |
Qui peut agir et où ?
Les autorités nationales (comme l’Autorité de la concurrence en France) et la Commission européenne coopèrent. Si les effets touchent le commerce entre États membres, l’affaire relève du droit européen. Sinon, c’est le droit interne qui s’applique.
- 🌍 Affaires transfrontalières : compétence européenne.
- 🏠 Affaires nationales : compétence nationale, mais coordination possible.
- 🤝 Coopération : échanges d’informations et actions coordonnées en 2025 renforcent l’efficacité.
| Acteur | Rôle |
|---|---|
| Commission européenne | Enquêtes transnationales, amendes dissuasives. 🏛️ |
| Autorité nationale | Application locale, actions civiles, coordination. ⚖️ |
| Tribunaux | Contrôle juridictionnel des décisions. 🧾 |
La protection des droits de la défense est centrale : la procédure contradictoire permet à l’entreprise de consulter le dossier et de formuler ses moyens de défense. C’est souvent lors de cette phase que des engagements ou des remédiations sont négociés, évitant une sanction financière maximale.
Exemple pratique : face à une enquête sur des pratiques d’auto‑préférence, une plateforme a proposé des engagements de transparence, acceptés par l’autorité, en échange d’une limitation de l’amende et d’un calendrier d’actions.
Insight final : la procédure mêle rigueur de l’enquête économique et garanties procédurales, offrant souvent des pistes de règlement négocié avant une sanction définitive.
La vidéo ci‑dessus propose une explication synthétique des principes applicables, utile pour garder une vue d’ensemble avant d’entrer dans les détails sectoriels.
Cas concrets et jurisprudence : Exemples célèbres et sectoriels à connaître
Les décisions récentes montrent la diversité des secteurs touchés : numérique, énergie, transports, pharmacie. Les géants sont souvent impliqués mais les situations peuvent aussi concerner des acteurs nationaux puissants comme des entreprises de réseaux.
Affaires emblématiques
Plusieurs arrêts et sanctions ont marqué la décennie : Google, Intel, Microsoft, et d’autres cas ont servi de références. Ces affaires illustrent comment des pratiques variées — rabais conditionnels, ventes liées, auto‑préférence — sont appréciées par les autorités et les juges.
- 🧭 Google : multiple dossiers (auto‑préférence, publicité) ; sanctions importantes, débats sur preuve d’effet et durée des clauses.
- 💻 Microsoft : vente liée historique entre OS et logiciels multimédia, décision sur le choix consommateur.
- 🔬 Intel : rabais conditionnels et test du concurrent aussi efficace.
- 🔋 Secteur énergie : pratiques de verrouillage d’accès aux réseaux ou clauses contractuelles limitant la concurrence.
| Entreprise | Type d’abus | Sanction / résultat |
|---|---|---|
| Auto‑préférence & clauses exclusives | Sanctions multi‑millions, débats juridiques sur durée des clauses. 🌐 | |
| Intel | Rabais conditionnels | Application du test du concurrent aussi efficace. 🧪 |
| Microsoft | Vente liée | Décisions imposant davantage de choix aux utilisateurs. 🖥️ |
Transposition sectorielle : énergie, transport et numérique
Dans le secteur énergétique, des acteurs intégrés verticalement peuvent contrôler l’accès à des infrastructures essentielles, rendant difficile l’émergence d’alternatives renouvelables. Par exemple, une grande entreprise contrôlant la distribution peut imposer des conditions qui pénalisent les petits producteurs d’énergie solaire ou les fournisseurs d’inverseurs alternatifs.
- ☀️ Secteur solaire : verrouillage par fournisseurs d’équipements ou clauses d’exclusivité peut nuire aux installateurs indépendants comme « Soléa ». 🔌
- 🚆 Transports : entreprises publiques ou privées (ex. SNCF) peuvent soulever des questions d’accès et de non‑discrimination sur des infrastructures.
- 🌐 Plateformes : Microsoft, Apple, Samsung, Booking.com ou Facebook illustrent la tension entre services propriétaires et ouverture du marché.
| Secteur | Risque typique | Exemple d’acteur |
|---|---|---|
| Numérique | Auto‑préférence, données, accès | Google, Apple, Facebook. 💾 |
| Énergie | Accès au réseau, ventes liées d’équipement | EDF, Gazprom (international), opérateurs locaux. ⚡️ |
| Transport & logistique | Accès aux infrastructures, discrimination | SNCF, compagnies portuaires. 🚚 |
Cas pratique : une plateforme de réservation met en avant son propre service au détriment de Booking.com, pénalisant la visibilité des concurrents. La question centrale sera l’effet concret sur la concurrence et la capacité des opérateurs alternatifs à capter une clientèle.
Insight final : les exemples montrent que l’abus se décline selon le contexte sectoriel, et que le même comportement ne donne pas toujours lieu à sanction — l’analyse économique et la preuve des effets sont déterminantes.
Sanctions, réparations et bonnes pratiques : ce que risquent les entreprises et comment se protéger
Les sanctions contre l’abus de position dominante peuvent être pécuniaires, structurelles ou comportementales. Elles visent à réparer le tort causé au marché et à dissuader la répétition.
Panier des sanctions
Les autorités disposent d’un arsenal complet :
- 💶 Amendes : jusqu’à 10% du chiffre d’affaires mondial, modulées selon la gravité et la durée. ⚖️
- 📢 Publicité de la décision : impact réputationnel pour les marques (Google, Intel déjà concernés).
- 🔧 Injonctions : cessation de pratiques, obligations de licences, cessions d’actifs.
- 🏛️ Sanctions pénales (pour personnes physiques en France) : peines d’emprisonnement possibles en cas de participation personnelle. 🚨
| Type | Objectif | Exemple |
|---|---|---|
| Amende | Dissuasion financière | Montant proportionnel au CA mondial. 💸 |
| Injonction | Réparer et restaurer la concurrence | Cessions, licences obligatoires. 🔁 |
| Réparations civiles | Indemniser les victimes | Actions en dommages et intérêts facilitées par directives. 🔁 |
Mesures pratiques pour les entreprises — conformité et gestion du risque
Pour limiter le risque, toute entreprise, y compris les plus petites, devrait adopter des mesures concrètes :
- 📝 Programme de conformité : formation, procédures contractuelles et revue juridique des clauses d’exclusivité. ✅
- 📊 Documentation économique : analyses coûts‑bénéfices, tests prix‑coût, preuves d’efficience pour justifier des pratiques.
- 📞 Dialogue avec les autorités : demandes d’avis, coopération lors d’enquêtes.
- 🤝 Engagements publics : mesures volontaires négociées pour éviter l’amende ou en atténuer l’effet. 🕊️
| Action | Avantage |
|---|---|
| Audit antitrust | Détecte clauses à risque avant contrôle. 🔎 |
| Formation des équipes commerciales | Réduit les pratiques contractuelles dangereuses. 👥 |
| Politique de transparence | Améliore l’image et rassure l’autorité en cas d’enquête. 🌟 |
Pour l’installateur solaire « Soléa », un audit antitrust a permis d’identifier des clauses d’exclusivité chez un fournisseur et de renégocier des modalités, évitant ainsi un verrou contractuel et des risques juridiques. C’est un exemple concret de mesures simples à l’échelle d’une PME.
Insight final : prévenir vaut souvent mieux que guérir — documentation, formation et transparence réduisent sensiblement les risques d’enquête et de sanction.
Perspectives 2025 : défis futurs, numérique, énergie renouvelable et coopération internationale
L’évolution des marchés et la montée des plateformes numériques imposent d’adapter l’analyse traditionnelle de l’abus de position dominante. Les enjeux sont majeurs pour l’énergie renouvelable, les données et l’infrastructure.
Spécificités du numérique et cadre nouveau
Le Digital Markets Act (DMA) et la jurisprudence récente modifient l’équation pour les gatekeepers : certaines pratiques, dont l’auto‑préférence, peuvent devenir des infractions per se dans des contextes définis. Cela change la façon dont des entreprises comme Google, Apple ou Microsoft doivent concevoir leur modèle.
- 🧭 Effets de réseau : renforcent la domination mais permettent aussi des régulations ciblées.
- 🔐 Données : accès et portabilité deviennent des instruments de concurrence.
- ⚖️ DMA : obligations ex‑ante pour les gatekeepers, complétant l’article 102 TFUE.
| Enjeu | Conséquence pour 2025 |
|---|---|
| Plateformes | Obligations de non‑discrimination, plus d’audits. 🌐 |
| Données | Accès et interopérabilité favorisées. 🔁 |
| Concentrations | Surveillance accrue des acquisitions prédatrices. 🔎 |
Impacts sur le secteur de l’énergie et la transition écologique
La transition énergétique crée de nouveaux marchés et de nouvelles tensions : qui contrôle les réseaux, les plateformes de gestion d’énergie, ou les données de consommation peut exercer un pouvoir important. Des acteurs historiques ou internationaux (par exemple Gazprom au niveau du gaz) montrent comment le contrôle d’infrastructures stratégiques peut poser des risques anticoncurrentiels et géopolitiques.
- ⚡ Réseaux intelligents : accès non discriminatoire essentiel pour les fournisseurs d’énergie renouvelable.
- 🔋 Interopérabilité : fabricants (Apple, Samsung dans des contextes domestiques connectés) doivent éviter les verrous. 📲
- 🏷️ Marchés locaux : les autorités nationales doivent rester vigilantes face à des acquisitions locales par de grands groupes. 🏘️
| Risque | Mesure préventive |
|---|---|
| Verrouillage d’accès | Régulation d’accès, obligations de transparence. 🔧 |
| Acquisitions prédatrices | Notification, contrôle ex‑post et seuils nationaux. 📋 |
| Utilisation des données | Limitation d’usage, portabilité, anonymisation. 🔐 |
La coopération internationale s’intensifie : échanges d’information, harmonisation partielle des critères, et développement d’outils d’investigation adaptés au numérique (accès aux algorithmes, base de données d’échanges). Cela profitera aux consommateurs et aux petits acteurs, mais demande une vigilance accrue des régulateurs.
Insight final : à l’ère du numérique et de la transition écologique, l’analyse économique de l’abus doit évoluer pour protéger l’innovation et garantir l’accès équitable aux infrastructures et aux données.
Qu’est‑ce qui distingue une position dominante d’un abus de position dominante ?
La position dominante est un état de marché : l’abus est l’utilisation injustifiée de cette position pour restreindre la concurrence. Il faut démontrer l’existence du pouvoir de marché puis l’effet anticoncurrentiel de la pratique.
Quelles sanctions une entreprise peut‑elle encourir ?
Amendes pouvant atteindre 10% du chiffre d’affaires mondial, injonctions, cessions d’actifs, obligations de licence, publication de la décision et, pour les responsables, sanctions pénales dans certains cas en France.
Comment une petite entreprise peut‑elle se protéger face à un acteur dominant ?
Réaliser un audit contractuel, documenter les pratiques commerciales, mettre en place un programme de conformité, négocier des engagements et, si nécessaire, saisir l’autorité nationale de concurrence ou demander des mesures conservatoires.
Le numérique change‑t‑il l’analyse de l’abus ?
Oui : effets de réseau, marchés bifaces et données imposent des outils spécifiques. Le Digital Markets Act complète l’article 102 TFUE en imposant des obligations ex‑ante pour les gatekeepers.
Les consommateurs peuvent‑ils obtenir réparation ?
Oui : la directive européenne facilite les actions en dommages et intérêts ; les victimes (clients ou concurrents) peuvent engager des actions civiles pour obtenir réparation.